mercredi 9 septembre 2015

W ou le souvenir d'enfance

de Georges Perec

Editions Gallimard, L'Imaginaire, avril 1993


Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu'ils n'ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun d'eux ne pouvait exister seul, somme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine qu'ils jettent l'un sur l'autre, pouvait se révéler ce qui n'est jamais tout à fait dit dans l'un, jamais tout à fait dit dans l'autre, mais seulement dans leur fragile intersection.
L'un de ces textes appartient tout entier à l'imaginaire : c'est un roman d'aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d'un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l'idéal olympique. L'autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d'une vie d'enfant pendant la guerre, un récit pauvre d'exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d'absences, d'oublis, de doutes, d'hypothèses, d'anecdotes maigres.
Le récit d'aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d'un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture, cette cassure qui suspend le récit autour d'on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d'où est sorti ce livre, ces points de suspension auxquels se sont accrochés les fils rompus de l'enfance et la trame de l'écriture.


Mon avis:
Ce livre a produit sur moi des effets très divers et étranges. A la lecture des premières pages j'étais captivée. Il y a deux histoires alternées que la typographie permet de distinguer. Les chapitres rédigés en italique racontent dans une première partie l'histoire d'un jeune homme homme, après la Seconde Guerre Mondiale, qui fait une étrange rencontre. Puis dans la deuxième partie du livre, il s'agit du récit de W, une île sur laquelle le sport régit la vie des habitants. W paraît ressembler à une utopie mais devient très vite un lieu de cauchemar. Les chapitres qui ne sont pas en italique sont autobiographiques. Mais les souvenirs de l'enfance sont flous, parfois erronés. L'auteur est marqué par la guerre, par la perte de ses parents et cherche dans l'écriture un moyen de mener une quête des souvenirs, de les déchiffrer.

D'abord entrainée dans les récits du jeune homme, qui ressemblent à des récits d'aventure, j'étais enthousiaste, mais j'ai ensuite été moins captivée, ayant l'impression de lire une histoire tout à fait décousue, sans en comprendre le sens. Après avoir terminé le livre et fait quelques recherches, je me rends compte que si je n'ai pas vraiment aimé la lecture c'est parce que je ne disposais pas des éléments nécessaires à la compréhension et qui donnent au récit tout son sens. Ce genre de livre ne se lit pas sans quelques connaissances sur l'auteur et sur ce qu'essaie de dire l'œuvre. A présent j'ai un tout autre regard sur cette œuvre et j'ai finalement l'impression d'avoir aimé cette lecture du début à la fin.
Pour que notre lecture ait un sens, il faut garder en tête que le texte parle de la guerre de façon imagée dans les chapitres en italique, grâce à l'île W qui prend l'allure d'un camp de concentration, et que les autres chapitres parlent de l'auteur, et non d'un narrateur dont on ne sait rien.
C'est une lecture très intéressante, non seulement parce que l'œuvre possède une structure originale, mais aussi parce qu'elle parle d'une période de l'Histoire absolument atroce et qu'elle a beaucoup à nous dire.

Sources: amazon.fr pour l'image et fnac.com pour le résumé.

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